Topo sur la sécurité des plantes chinoises


Patient: « Vos plantes chinoises sont-elles sûres? »

Praticien: « Oui à 100% »

Cette réponse affirmative aussi brève ne rassure pas le patient en Belgique où l’utilisation des « plantes » chinoises a mauvaise presse.

Alors étayons un peu pour démystifier, clarifier, rassurer, apaiser  et relativiser objectivement les soupçons qui planent. Tentons même d’éclaircir la véracité des accusations lourdes.

TROIS FACTEURS POUR LA SECURITE:

1. La qualité de la plante elle-même

La question de la qualité ne se posait pas il y a 2000 ans mais à l’heure de l’industrialisation agricole et de son utilisation de pesticides et autres agents nocifs, le praticien consciencieux de médecine chinoise travaille en collaboration avec des fournisseurs imposant leurs normes de qualité selon un standard très élevé. Ces entreprises d’importations sont dotées d’une technologie de pointe qui permet le contrôle et donc la garantie sur la qualité. Le producteur local agit en connaissance de cause pour réussir à vendre son produit!

2. La bonne utilisation de la substance

Le bon usage sous-entend le respect intégral des règles établies par le système médical chinois.

Dans la pratique quotidienne, les plantes utilisées sont non-toxiques et visent à renforcer un corps en faiblesse.

Certains praticiens en Chine, pour traiter une maladie grave comme Alzheimer par exemple, vont utiliser dans les remèdes choisis, des substances dites toxiques. Et avec la connaissance approfondie de la nature humaine combinée à la rigueur scientifique qui caractérise leur art, cette toxicité est maîtrisée et inhibée par l’interaction savamment choisie d’autres substances qui composent la formule, par le mode de préparation (PAO ZHI), par le temps de décoction voire d’autres procédés.

3. La pertinence de l’ indication de la dite substance médicinale

Le choix des herbes vient du bilan que le praticien établit selon la dialectique de l’énergétique traditionnelle chinoise.

Notez que la quantification d’un des constituants actifs ne reflète pas de façon objective son efficacité globale.

C’est là que réside la différence avec la médecine dite « chimique ». Par exemple HUANG LIAN (coptis chinensis) et HUANG BAI (phellodendron amurense) contiennent tous les deux de la berbérine et la méthode moderne pour la quantifier est la même pour ces deux plantes.

Bien que cette méthode scientifique puisse contrôler correctement le principe actif de ces deux plantes, elle ne permet pas de différencier les deux substances telles qu’elles sont connues dans la tradition chinoise.

Les praticiens chinois ne remplaceront jamais l’une par l’autre car ils considèrent comme un tout les constituants des produits de la drogue au lieu d’observer la seule berbérine.

HUAN LIAN clarifie la chaleur/plénitude du foyer supérieur et médian (Estomac, foie, coeur).

HUAN BAI traite la chaleur/vide du foyer inférieur (Reins, vessie, gros intestins, et intestins grêle).

En terme de symptôme, l’un traitera les nausées et palpitations et l’autre traitera entre autre, la cystite ou diarrhée. Les cibles seront à la fois multiples et aussi très différentes selon la plante utilisée bien que venant d’une famille analogue.

QUID DES CAS D’INTOXICATION PAR LES PLANTES CHINOISES?

Fin des années 90, plusieurs cas d’intoxication dont deux décès sont survenus à la suite de traitement amaigrissant sous recommandation de médecin conventionnel ou par auto-médication. Ce cocktail amaigrissant contenait des substances appartenant à deux pharmacopées moderne: Poudre de beladonne, acétazolamine, poudre de pancreas, de lamaria, de fucus, et de cascara

et deux substances de la pharmacopée traditionnelle chinoise: Magnolia officinalis-HOU PO, Stephaniae tetrandrae-HAN FAN JI.

Notez que cette dernière plante voulue, à en réalité été identifiée de façon erronée par un médecin non formé correctement en phytothérapie traditionnelle chinoise. La substitution  malheureuse s’est réalisée avec un usage irrationnel d’une autre plante: l’ Aristolochia fangchi-GUANG FANG JI qui après enquête sur les agents responsables,  est suspectée car contenant des substances neurotoxiques.

A ce mélange détonant se rajoute des injections intradermiques d’extrait d’artichaut et d’ euphylline et un régime stricte basse calorie. Le résultat est une fibrose rénale pour 53 jeunes femmes (possiblement 100)  avec en sus un cancer de la vessie pour 18 de ces patientes soumises à ce régime imprudent.

Dans un but mercantile, on a emprunté et sorti de son contexte, une substance en réduisant son utilisation selon une vision étroite qu’offre la grille de lecture scientifique occidentale.

Les trois facteurs de sécurité  cités plus haut et qui relèvent de l’art médical chinois, ont tous été bafoués!

1. La qualité de la plante

Une forme synthétisée (poudre cryogénée) a été préférée dans ce cocktail désastreux alors qu’avec la connaissance traditionnelle chinoise c’est la plante brute qu’on utilise. Le risque ici est de détériorer la substance et de produire des effets non-connus par la science traditionnelle chinoise.

2. La bonne utilisation de la substance

Mélange « expérimental » avec la pharmacopée occidentale.

Posologie démesurée.

Durée de traitement démesurée.

Non surveillance régulière des patients confrontés à ce traitement.

Non-association savante de plantes.

3. La pertinence de l’indication de la dite substance

Indication erronée.

CONCLUSION:

On observe le danger que représente non pas la médecine rtaditionnelle chinoise ou ses substances médicinales mais bien l’utilisation hasardeuse par l’industrie pharmaceutique, d’un produit issu de connaissance médicale, physiologique et pharmacologique qu’elle ne maîtrise pas.


 

 



 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Une réponse à Topo sur la sécurité des plantes chinoises

  1. Merci Vincent pour cet excellent article qui, je l’espère, pourra dissiper les malentendus qui traînent encore dans certaines conversations.
    Il y a quelques mois, dans une émission, un maître de l’ayurveda tenait le même propos à un cancérologue français qui avait fait le déplacement en Inde avec sa patiente guérie par cette pratique ancestrale. Lorsque le cancérologue a dit « ah mais nous aussi, on utilise cette plante pour traiter le cancer », le maître lui a répondu « non, vous utilisez seulement la molécule active de cette plante, ça change tout ! ».

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